Le foot français professionnel s'oppose à la loi votée au Sénat sur sa gouvernance
Tous les matins, on analyse le principal fait de l'actualité de l'économie du sport en France
Le football professionnel français est engagé dans un bras de fer avec les pouvoirs publics suite au vote par le Sénat, le 10 juin, d'une loi visant à réformer sa gouvernance. Si le secteur professionnel accepte la transformation de la Ligue de Football Professionnel en "société de clubs", il s'oppose fermement aux modalités adoptées par le Sénat, les jugeant dangereuses pour son autonomie et son efficacité économique.
Une réforme contestée et ses implications économiques
La LFP, les clubs, les joueurs et les entraîneurs ont uni leurs forces pour rédiger un rapport de 58 pages, adressé aux autorités, proposant des amendements au projet de loi sénatorial. L'objectif est de parvenir à une "Ligue SAS" (Société par actions simplifiée), mais le chemin proposé par le Sénat n'est pas acceptable. Un point d'achoppement majeur est l'article 11 bis de la loi, qui confère à la Fédération le pouvoir de dissoudre la Ligue. Pour le secteur pro, "une négociation, dont les conséquences d'un échec sont fixées à l'avance, ne peut sérieusement se tenir".
De nombreux autres points sont contestés, notamment le rattachement de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion à la FFF dès la première instance. Pour les clubs professionnels, il est "primordial que la DNCG professionnelle [...] demeure au sein de la Ligue SAS", afin d'assurer l'efficacité et la spécificité de la supervision financière des clubs. Il en va de même pour la commission de discipline, dont les pouvoirs sont exercés par les Ligues professionnelles dans d'autres sports.
Enjeux économiques et pressions politiques
Les enjeux économiques sont colossaux pour le football français. L'autonomie de la Ligue professionnelle dans la gestion de ses droits commerciaux (comme le lancement récent de Ligue 1 +), la pertinence d'un contrôle de gestion adapté aux spécificités des entreprises sportives, et la capacité à prendre des décisions rapides et éclairées sont au cœur des préoccupations. Une ingérence trop forte de la FFF, perçue comme un recul de l'autonomie, pourrait fragiliser un modèle économique déjà sous tension après les récents aléas des droits TV.
Le rapport de 58 pages met une pression significative sur Philippe Diallo, le président de la FFF, l'invitant à défendre la position unifiée du football français. Les mois à venir seront décisifs pour l'avenir de la gouvernance du football professionnel en France, avec des négociations qui s'annoncent intenses entre les acteurs politiques et sportifs pour trouver un terrain d'entente qui garantisse à la fois la stabilité institutionnelle et la vitalité économique de la Ligue 1. La capacité du football français à parler d'une seule voix face aux législateurs sera déterminante pour son avenir économique.
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