Initiatives de passionnés, aubaines pour les sponsors… les fan-zones se multiplient
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Initiatives de passionnés, aubaines pour les sponsors… les fan-zones se multiplient
Le Tour de France est le théâtre d'une évolution notable de l'engagement des spectateurs et des stratégies de monétisation : la multiplication des fan-zones. Ces rassemblements, grand public et organisés par diverses entités, s'inscrivent directement dans les enjeux économiques de la compétition, transformant l'expérience de bord de route en un véritable levier marketing et communautaire.
L'essor des fan-zones : entre passion et opportunités commerciales
La 112e édition du Tour de France voit l'émergence d'une multitude de fan-zones. Ces rassemblements, traditionnellement le fait de "vrais mordus" ou de communautés comme les "Hollandais en claquettes-chaussettes de l’Alpe-d’Huez", sont désormais portés par des "municipalités appuyées par des sponsors".
Ces dispositifs sont devenus des vecteurs économiques et marketing. Groupama, sponsor du Tour, a pleinement saisi cette opportunité. L'assureur a diffusé des dizaines de milliers de prospectus pour annoncer ses fan-zones et n'hésite pas à les livrer "clé en main", comme à Craon, une ville de 4 500 habitants. L'adjoint à la communication de Craon, Quentin Lanvierge, raconte comment, après l'annonce du passage du Tour, "Une semaine après, on a eu un appel de Groupama Centre Manche, pour installer une fan-zone". L'objectif, au-delà du passage des coureurs, est de "garder tout le monde sur place".
Charly Moriceau, directeur associé de l'agence Brioche, analyse cette évolution : "On est passé d’actions en B2B au B2C et c’est très bien comme ça. Il y a toujours eu des gens en bord de route mais c’était moins grand public". Ces fan-zones permettent aux sponsors de "communiquer avec leurs clients" et d'atteindre à la fois leur clientèle et les fans de vélo.
L'héritage du "virage pinot" et l'engagement des passionnés
Ces initiatives sont indéniablement les héritières du "virage Pinot", ce rassemblement spontané et massif dans le col du Petit Ballon en 2023 pour le dernier Tour de Thibaut Pinot. Marc Madiot, directeur sportif de Groupama-FDJ, reconnaît que les fan-zones sont de plus en plus fréquentes et "sont liées à un coureur charismatique qui passe dans sa région, cela amène une attractivité".
Bien que le "virage Pinot" ne soit "pas réplicable" en raison de son caractère spontané et de l'implication de "créateurs de contenus", son retentissement a inspiré un "mimétisme sur le virage Bardet" et a permis d'attirer un public plus jeune.
Pierre Marcot, animateur du virage Pinot, souligne le caractère "d'authentiques débiles" de ces passionnés, dont l'action a généré une visibilité mondiale et des reportages sur Netflix, sans aucune intrusion des sponsors (même si FDJ & ParionsSport y ont participé). Le phénomène des fan-zones illustre également une évolution du supportérisme, avec l'apparition de "DJ, pour danser, faire la fête la nuit" sur le bord des routes.
Perspectives pour d'autres sports
L'engouement autour des fan-zones du Tour de France offre des perspectives intéressantes pour d'autres disciplines sportives. Pour les sports d'endurance ou les événements diffus qui traversent des territoires (comme le marathon ou les rallyes automobiles), la création de zones d'animation thématiques, co-construites avec les collectivités locales et les partenaires privés, peut renforcer l'engagement du public et générer des revenus additionnels.
Les sports collectifs, souvent confinés aux stades, pourraient également s'inspirer de cette dynamique en développant des "viewing parties" ou des "villages partenaires" en dehors des enceintes sportives, permettant d'élargir leur audience et de créer des points de contact avec de nouveaux consommateurs.
L'expérience montre que la clé du succès réside dans la capacité à laisser une part de spontanéité aux fans, à valoriser l'identité locale et à intégrer les sponsors de manière non intrusive, transformant le simple spectateur en un acteur à part entière de l'événement.
Le "virage Pinot" a prouvé qu'un phénomène authentique peut générer un impact économique et médiatique colossal, rappelant que la passion des fans est une ressource inestimable pour le sport business.
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